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La chronique de la semaine : banalisation et normalisation du geste « tirer pour tuer » face à un chien. Il faut que cela cesse.

Un constat s’impose à nous aujourd’hui, celui de la banalisation et la normalisation du geste « tirer pour tuer » face à un chien.

Qu’il s’agisse du chien d’un jeune homme sourd-muet abattu en 2016, par la police de La Courneuve devenu agressif à la suite d’un tir de flashball qu’il avait reçu dans le museau. Ou bien du chien tué le 17 octobre 2018 par la Police municipale de L’Isle-d’Abeau (Isère) : sur les réseaux sociaux, la vidéo fait beaucoup de bruit et choque. Les images montrent plusieurs policiers municipaux, ainsi que des gendarmes, entourer un chien de type American Staff, qui ne semble pas agressif. Après plusieurs minutes, l’un des agents​ ​municipaux finit par tirer sur l’animal qui s’avançait vers lui, le chien s’enfuit en hurlant et d’autres coups de feu sont tirés. Le chien ne meurt pas sur le coup et est conduit seulement dans la soirée chez le vétérinaire de la ville pour y être euthanasié. Selon les gendarmes ils ont tenté de maîtriser le chien avec une perche en amont. Des témoins parlent eux d’un animal semblant « inoffensif ». En 2019 dans l’Aude, Ola – Berger australien – est tué par un policier hors service en plein footing avec son arme de service. En 2020, c’est un berger allemand qui est abattu dans un hall d’immeuble dans le quartier Papus, à Toulouse. Et récemment – samedi 26 septembre​ ​2020 – c’est Oslow qui est abattu d’une balle dans la tête dans son jardin par la police nationale.

La liste n’est pas exhaustive mais souligne que ces drames sont récurrents et que trop souvent l’utilisation d’une arme à feu n’est pas le dernier recours mais le premier réflexe.

Tout d’abord, pour la grande majorité des situations, la mise à mort de l’animal concerne les chiens de type molossoïdes ou race/assimilable à des American terriers aussi appelés «​ ​Amstaffs » ou « Pitbulls ». Ces chiens souffrent d’une réputation – injustifiée et non fondée pouvant leur coûter la vie.

En effet, tout au long de leur existence ils devront s’excuser d’être nés avec ce physique. Leur droit de vivre est soumis à des épreuves administratives,​ ​une mise en règle, une catégorisation ou pas etc… Autrement dit, le traitement ne sera jamais pour ces chiens le même que celui des autres races de leur espèce. Une lourde épée Damoclès pèse sur eux : ils devront être irréprochables car il leur est rarement pardonné un faux pas.

Ici, il ne sera pas dressé un tableau des races les plus mordeuses – où le Amstaff ne compte même pas parmi les races classées aux 10 premiers rangs pour le nombre de morsures infligées – car nous souhaitons cesser avec ce réflexe d’opposer les Amstaffs aux autres races, ils sont comme tous les autres chiens et c’est tout.

Afin d’étayer ce propos, revenons au jeudi 18 octobre 2018, une vidéo postée sur les réseaux sociaux montre des policiers municipaux abattre un Amstaff alors qu’il errait sans agressivité à l’Isle-d’Abeau, en Isère.

Christopher, le maître d’Arkham, explique que son chien s’est échappé de son jardin clôturé alors qu’il était chez lui, ce dernier s’en rend compte après une dizaine de minutes au maximum et part à sa recherche. Arkham cherchant son chemin, aurait vraisemblablement été heurté par une voiture le laissant complètement hagard suite ce choc. Christopher retrouve Arkham. Ce dernier a reçu 4 balles tirées par la police municipale. Arkham aura agonisé un long moment avant que le vétérinaire abrège finalement ses souffrances. Il est essentiel de préciser ici qu’Arkham a subi une opération, petit, de la mâchoire dont il n’est pas ressorti indemne. En effet, depuis ce moment, Arkham a une malformation, le faisant respirer fort et avoir les babines retroussées en permanence ce qui pouvait malheureusement lui donner ce faux air menaçant. Ce drame n’est arrivé que parce qu’il s’agissait d’un chien de type Amstaff, ce qui met en évidence une méconnaissance de la part des représentants de la force publique (partagée avec une bonne partie de la population) de ces races de chiens.

Le lien entre les chiens de type Amstaff ou molossoïdes abattus est qu’ils font face à un délit de faciès, un préjugé à l’encontre de ce type de chien en particulier. L’image de ses chiens, pour beaucoup, renvoie à des pratiques agressives (combats de chiens, parades sociales… et leur nom (pitbull) devient un repoussoir).

C’est pourquoi l’éducation auprès des plus jeunes est indispensable pour progresser collectivement dans la compréhension des animaux en général, des animaux domestiques, des chiens et ainsi changer la perception sociale de tous les animaux qui nous accompagnent. Et de ne plus faire de la victime d’un comportement humain (instrumentalisation de l’animal pour affirmer sa propre position sociale, pour gagner de l’argent, pour chasser ou comme jouet) un agresseur potentiel.

De la même façon, c’est aujourd’hui le rôle d’association comme la nôtre de pourvoir à cette conscientisation sociale, de la façon la plus large, par l’information, par la participation à une réflexion collective dans la société à propos de la place des animaux domestiques et de notre relation commune, par un rôle de conseil aux pouvoirs publics sur la façon d’appréhender les situations de confrontations humains/chiens et la formation du personnel d’intervention. Et aussi, le cas échéant, en poursuivant devant les tribunaux les auteurs de ces actes non tant pour punir que pour instruire.

Souvent la légitime défense est invoquée lors de ces interventions* se concluant avec la mort de l’animal. Preuve que l’appréciation du danger n’est pas correcte, que la perception du chien comme menace directe et imminente n’est pas bien évaluée et qu’il y a une disproportion flagrante entre l’attitude du chien et la riposte humaine : un problème d’interprétation du comportement, une difficulté de traduction du langage​ ​canin qui conditionne une réaction irrationnelle à travers l’usage d’armes à feu pour gérer la situation.

Des antennes locales de comportementalistes spécialisés ou a minima la formation de personnes dédiées à ces interventions au sein des structures publiques seraient un premier pas pour limiter ces drames.

*Quelques exemples : Falco, croisé berger allemand rottweiler, tué de trois balles tirées par un policier pénétrant dans son jardin à Rixheim dans le Haut-Rhin alors que le chien semblait se précipiter vers eux. A Aulnay-sous-Bois, un Cane Corso a été abattu par des policiers, les versions divergent entre le maître du chien, pour qui celui-ci était dans son jardin fermé et les policiers qui déclarent que le chien a sauté sur l’un d’entre eux. Oslow, jeune staffie, est tué par des policiers alors qu’ils s’avançaient vers eux.

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