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La chasse à la glu vers une interdiction définitive ?

Le 17 mars 2021, la justice européenne a émis un avis qui confirme le fait que le piégeage des oiseaux à la glu devait être interdit en France qui, nous le rappelons, est le dernier pays européen à autoriser cette pratique ! Et confirme donc au Conseil d’État français que la pratique du piégeage à la glu contrevient à la Directive Oiseaux.

Pour rappel, cette chasse à la glu aussi appelée chasse au « gluau », consiste à piéger des oiseaux à l’aide notamment de tiges en bois – dénommées verguettes – recouvertes de glu. Ces dernières doivent être dissimulées sur des arbres ou autre support. Mais voilà, le piégeage a des conséquences morbides multiples car pour attirer les oiseaux, des « appelants » sont mis en place. Autrement dit, d’autres oiseaux déjà capturés sont enfermés dans une cage pour attirer, par leur chant et leur présence des comparses, à se faire piéger. Dès lors que les oiseaux sont détenus par la glu, ils ne sont pas directement tués. Dans un temps variable, ils seront normalement par la suite décollés à l’aide de cendre ou de dissolvant. Puis ils seront mis en cage avant d’être utilisés comme « appelants » ou bien être abattus au fusil. Les oiseaux dit non chassables mais capturés doivent -normalement – être nettoyés et relâchés. Les appelants, eux aussi, sont censés être relâchés à la fin de la saison de la chasse. A ce titre, « seuls les grives draines, litornes, mauvis et musiciennes et les merles noirs peuvent être utilisés comme appelants » précise l’arrêté du 17 août 1989. 

La chasse à la glu est autorisée dans cinq départements (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse) pour une capture sélective des grives et des merles noirs. Des quotas sont définis par départements. Le nombre de captures doit être noté par le chasseur dans un carnet tenu quotidiennement à jour et renvoyé au préfet avant le 31 décembre de chaque année.

Après ce succinct rappel théorique à propos de la chasse à la glu, la réalité s’avère être quand à elle, purement et simplement irriguée par des souffrances inqualifiables infligées aux oiseaux.

Tout d’abord, il est totalement impossible de parler de capture sélective avec les méthodes employées alors que d’autres oiseaux et d’autres vies partageant le même milieu peuvent se voir prisent au piège. Ensuite, cette pratique approximative induit inéluctablement de la souffrance en ce que les oiseaux voient leurs ailes blessées, leurs plumes arrachées, subissent des lésions del’appareil musculo-squelettique. De plus, l’utilisation de solvant pour les décrocher provoquent des lésions. Et le but de tout cela ? Finir abattus au fusil ou enfermés dans des cages, ou bien encore relâchés blessés… Comme l’énonce un rapport du Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires relayé par la Ligue de protection des oiseaux (LPO) « Penser qu’une fois délivrés et relâchés, les oiseaux sont sauvés et peuvent réintégrer leur environnement sans dommage est illusoire ».

Face à cette pratique, la LPO a entamé une guerre juridique pour voir cette pratique interdite. La LPO a formulé un recours auprès du Conseil d’État et ce, dans le but de faire cesser l’exécution des 5 arrêtés ministériels de septembre 2018 autorisant cette pratique dans 5 départements pour la saison de chasse 2018-2019. Le Conseil d’État rejette cette demande au motif que la réglementation prévoit déjà « un régime d’autorisation et de contrôle rigoureux » se basant pourtant sur une directive européenne interdisant les « méthodes de capture ou de mise à mort massive ou non sélective d’oiseaux » mais qui prévoit par là même des dérogations quand « il n’existe pas d’autre méthode satisfaisante ». Cependant de manière subsidiaire, la LPO avait demandé à ce que soit transmis à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) une question préjudicielle sur la conformité de cette chasse aux gluaux avec la directive Oiseaux. Dans l’attente, depuis fin août 2020 le président Emmanuel Macron avait annoncé la suspension de cette méthode de chasse. 

La CJUE rend sa décision le 17 mars 2021 et estime que « en dépit d’un nettoyage, les oiseaux capturés subissent un dommage irrémédiable, les gluaux étant par nature susceptibles d’endommager le plumage de tous les oiseaux capturés« . La justice européenne a clairement écarté l’argument culturel « le maintien d’activités traditionnelles ne saurait constituer une dérogation autonome au régime de protection » de la directive « oiseaux ». Également, l’avis de la Cour de justice de l’UE affirme que cette chasse provoque des dommages « irrémédiables ».

Selon les termes de la Cour, « Un État membre ne peut pas autoriser une méthode de capture d’oiseaux entraînant des prises accessoires dès lors qu’elles sont susceptibles de causer aux espèces concernées des dommages autres que négligeables ». 

Aujourd’hui, le Conseil d’État se doit de suivre et pérenniser cet axe en prolongeant dans le droit français cette décision de la Cour de Justice Européenne. En attendant, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, s’est prononcée par un tweet mesuré. « La France avait décidé de suspendre la chasse à la glu, considérée comme une pratique non sélective. La décision de la Cour de justice de l’Union européenne conforte cette mesure de protection de la biodiversité ».

Action Protection Animale soutient l’interdiction de cette pratique.

La tradition est aujourd’hui l’alibi d’une attitude où les espèces vivantes non-humaines (ici les oiseaux) sont perçues comme des objets, des choses, au service d’un loisir et d’une socialité qui se construit sur le mépris : mépris de soi et mépris du monde vivant alentour que l’on s’approprie et piétine pour réaffirmer une existence qui s’échappe. 

Affirmer son respect à l’ensemble du monde vivant autour de nous et abandonner une vaine attitude prédatrice à son encontre peut être le début d’une solution pour sortir de ce dilemme.

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