Le confinement aura un versant positif, celui de la suspension de la chasse à courre, bien qu’il constitue un répit extrêmement précaire et temporaire pour la faune et la flore. Concernant la chasse, depuis le 1er novembre, les chasseurs bénéficient de dérogation et pourront organisés des chasses pour « éviter un accroissement des dégâts faits aux cultures, aux forêts et aux biens par une prolifération des populations de grand gibier », nous dit-on.
La chasse à courre aussi appelée « chasse à courre, à cor et à cri », « chasse à bruit » ou encore « chasse par force » est née sur la fin du Moyen-Âge où François Ier en devint le père fondateur. Dès lors, les veneurs n’ont jamais cessé de peaufiner leurs pratiques sanguinaires pour la simple jouissance d’un loisir, d’un sport de plaisir où de nombreux animaux sont utilisés, mutilés, torturés et mis à mort pour la joie morbide de l’Homme.
La chasse à courre consiste à poursuive jusqu’à épuisement l’animal et ce, pendant de longues heures. Le but étant d’atteindre l’acmé de cette poursuite c’est-à-dire « l’hallali ». L’hallali signifie alors que l’animal victime, une fois aux abois et souvent encerclé, blessé par les morsures des chiens va être abattu par un veneur à l’aide d’une arme blanche, sauf lorsque l’animal est volontairement noyé par ses poursuivants. L’hallali est le dernier temps de la chasse à courre, celui où l’animal pourchassé est mis à mort. Le corps de l’animal sera alors jeté aux chiens, sa tête conservée à titre de trophée, et ses pattes coupées puis offertes à des invités méritants.
La vénerie est d’une ampleur alarmante ! Comptant approximativement 10.000 pratiquants, 100.000 sympathisants, 400 équipages, 30.000 chiens, 7.000 chevaux dans 70 départements en France. Ses espaces d’activités sont innombrables et la notoriété de cette pratique connaît – aujourd’hui – un recrudescence telle qu’il n’y a jamais eu autant d’équipage de chasse à courre et de sympathisants en France. Les acteurs de la chasse à courre arguent de cette ampleur pour mettre en avant la démocratisation de leur pratique mais là où eux, voient une propagation bienvenue, nous, défenseurs de l’environnement de sa faune, de sa flore et des animaux nous constatons un accroissement de l’appropriation des espaces tant naturels que privés, une augmentation constante des accidents, une impunité dans les massacres qu’ils causent ainsi qu’une maltraitance et des actes de cruautés infligés à des animaux sauvages et domestiques.
L’association AVA France a recensé au moins 26 incidents pour la saison 2019/2020.
Le 2 novembre 2019 lors d’une partie de chasse à courre de l’équipage Vénerie du Berry en forêt de Loches (37), le cerf pourchassé heurte, sur la départementale, une voiture transportant une famille. Le choc est tel que le véhicule finit renverser dans un fossé. Des blessés graves parmi lesquels la mère de famille fait un arrêt cardiaque la plongeant dans le coma, tandis que son mari et son enfant de deux ans s’en sortent blessés. Le cerf est mort sur le coup, éjecté à 50 mètres. Le 4 janvier 2020 un chien du Rallye Bonnelles est renversé par un automobiliste sur la départementale près de Condé-sur-Vesgres (78). Le 18 janvier 2020, c’est la meute du Rallye Roumare qui pénètre la propriété privée d’un habitant vivant aux abords de la forêt d’Eawy (76) et poursuit ses chiens. Le 25 janvier 2020, un véneur de l’équipage normand Kermaingant abat son fouet sur le pare-brise d’un automobiliste. Le 25 février 2020 lors d’une balade à la forêt du Poinçonnet dans l’Indre (36), un homme accompagné de ses deux chiens se retrouve pris en course par la meute du Rallye Fontaines qui chasse le chevreuil. Il arrive alors à se protéger dans sa voiture, laquelle se retrouve encerclée par les chiens des veneurs. Lundi 19 octobre 2020, un élevage de lamas a été attaqué par des chiens de chasse à courre à Saint-Etienne-de-Chigny, près de Tours. La meute, qui semblait hors de contrôle, a dévoré vivante un jeune lama. « Elle est morte éventrée » précise l’éleveuse, alors que « les clôtures ont été détruites, le lieu de tonte dévasté, les autres lamas prostrés et moi terrorisée ».
Ces différents exemples, dont l’origine certaine des incidents, est sans conteste la chasse à courre démontrent la dangerosité de la pratique. Nos animaux, notre milieu naturel sont ainsi mis en danger, et nous le sommes également ! Les veneurs et sympathisants agissent en toute impunité causant des dommages graves allant jusqu’aux blessures et la mort.
Un évènement aura particulièrement marqué la fin de l’année 2019, celui de l’affaire Pilarski. En effet, samedi 16 novembre 2019, Elisa Pilarski perdait la vie dans la forêt de Retz dans l’Aisne. La jeune femme de 29 ans était alors enceinte depuis 6 mois d’un garçon. Elle a été retrouvée décédée, recouverte de nombreuses morsures de chiens. Cette dernière se promenait avec son chien dans ladite forêt où se déroulait une chasse à courre par l’équipage du Rallye de la passion. Autrement dit, Elisa Pilarski est morte un jour de vénerie. Pierre de Roüalle, le président de la Société de Vénerie énoncera allégrement à la presse « Nos 30 000 chiens de chasse à courre sont dressés pour obéir en toute circonstance à l’homme. Ils sont d’un contact très affectueux avec les enfants comme avec les adultes (et même avec les opposants anti-chasse). Au cours des 18 000 journées de chasse à courre organisées chaque année à travers 70 départements, jamais aucun accident corporel humain impliquant des chiens de vènerie n’a été relevé ». Alors que le corps de Elisa Pilarski présentait de multiples morsures de chien à l’origine du décès. Récemment, un rapport étrangement rendu public sous couvert d’une fuite désigne Curtis, le chien de Elisa Pilarski, comme étant le seul et unique coupable donc auteur des morsures. Ces rapports vétérinaires plaident en faveur de la chasse à courre en mettant hors de cause cette pratique dans la mort de Elisa Pilarski et son enfant. L’État, ardent défenseur de la chasse à courre aurait il fait de Curtis le coupable idéal ? Cette question mérite d’être posée d’autant que ce dernier – toujours enfermé en fourrière à ce jour – paye de sa vie les préjugés liés à sa race. Le dossier est toujours instruit et reste dans l’attente des résultats des tests Adn, même si cette fuite était manifestement destinée à graver la culpabilité de ce chien dans l’esprit du grand public.
La chasse à courre est un jeu où des animaux sont torturés, blessés et tués. Outre, l’innommable gravité des actes de cruauté causés aux animaux, les atrocités de cette pratique constituent un danger pour les riverains, leurs animaux et leurs terres. Les violations des lois sont normalisées et récurrentes, elles se manifestent par des accidents liés aux traversées d’animaux en fuite sur les voies, des accès à des routes bloquées, des chiens déstabilisés et errants, des promeneurs talochés ou mis à mal etc. Aujourd’hui, il est courant d’assister à une chasse à courre en pleine ville ou sur des propriétés privées où les veneurs y pénètrent en toute impunité pour abattre les animaux en détresse qui s’y réfugient.
La France est un des derniers pays d’Europe à autoriser la chasse à courre. Elle est interdite dans de nombreux pays tels que l’Allemagne, le Luxembourg, la Belgique, l’Ecosse, les Pays-Bas, la Suisse, le Pays de Galles, l’Angleterre… La grande majorité des français sont opposés à cette chasse.
L’Action Protection Animale s’oppose sans concession à cette pratique barbare et en demande l’arrêt immédiat.