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La chronique de la semaine : vente d’animaux en animalerie, pourquoi les acheter est moralement inacceptable !

Vente d’animaux en animalerie : pourquoi les acheter est moralement inacceptable !

On les a tous déjà vu ces chiens, chats, lapins, rongeurs, reptiles et autres poissons exposés dans leur vitrine ou agonisant dans leur gobelet de plastique à moitié rempli d’eau. Dans tous ces magasins, les animaux sont présentés à la vente comme une marchandise classique et les vendeurs ne ménagent pas leurs efforts pour faire craquer les clients. 

Oui mais voilà. Les animaux ne sont pas une marchandise classique. Ils ne devraient d’ailleurs même pas être considérés comme une marchandise tout court. Acheter ou vendre un animal, c’est le considérer comme un bien cessible dont on peut finalement disposer à sa guise. Et cela a des conséquences.

Une source de maltraitance et d’abandon

Ces animaux, peu importe leur espèce, ont des besoins bien souvent méconnus des personnes qui les achètent mais aussi trop souvent volontairement écartés au bénéfice du commerce par les boutiques elles même. Cette dangereuse combinaison entraine fréquemment toutes sortes de maltraitances passives : Ainsi, combien de poissons rouges sont actuellement en train de s’asphyxier dans leur bocal rond vendu 20€ qui a été recommandé par le vendeur ? Combien d’oiseaux prisonnier de minuscules cages ne pourront jamais satisfaire leur besoin de voler ? Combien d’animaux avides de grands espaces ne connaitront que les quelques centimètres carrés de leur cage ?  La majorité des petits animaux vivront une vie de captifs et leurs besoins élémentaires ne seront pas satisfaits. Finalement, dès leur naissance ils ont écopé de la perpétuité. 

La vente en animalerie est aussi source d’abandon car elle favorise la consommation spontanée d’animaux vivants : En présentant des animaux en vente au même titre et dans les mêmes lieux qu’un sac de croquette, on inscrit inconsciemment dans l’esprit du consommateur que l’animal n’est qu’un bien que l’on peut acquérir quand on le souhaite et dont on se défait avec une facilité déconcertante. Ces achats « craquages » inondent ensuite les refuges (pour les plus chanceux). Et on ne parle pas là des chiens et chats achetés au prix fort en boutique qui sont peu abandonnés en refuge mais le plus souvent revendus (Comme le dernier téléphone à la mode, il a encore de la valeur alors autant en profiter…), mais des centaines de milliers de petits animaux vendus à très bas prix . Rats, hamsters, lapin, poissons achetés entre 2 et 30€ sont les plus nombreuses victimes invisibles de ce système. Tellement facile à acheter, tellement facile à oublier, torturer, abandonner. Combien d’entre eux finissent dans la forêt, dans une cage aux encombrants ou jeter aux toilettes ?  

Bien sûr, tous les animaux achetés ne finiront pas comme ça. Mais il y’en a bien plus que ce que vous ne pouvez seulement imaginer. J’en veux pour preuve qu’on connait tous quelqu’un dont le poisson a fini aux toilettes, qui a « rendu sa liberté » à sa tortue ou son lapin (ce n’est ni plus ni moins qu’un abandon le condamnant à mort), dont le rongeur moisi dans une petite cage de laquelle il ne sort jamais ou qui a revendu son animal à un inconnu. Imaginez vous la masse de souffrance que cela représente ? 

Parce que la majorité de ces animaux sont produits dans des conditions inacceptables. 

Paradoxalement, nombreux sont les clients qui ne voient pas à mal en achetant ces animaux. Pire même, ils sont parfois convaincus de faire une bonne action en les sortant de leur bocal ou de leur vitrine. En réalité, ce que vous voyiez en boutique n’est que la face visible de cet iceberg qu’est le commerce d’êtres vivants. Et tout est fait pour que le client ne se pose pas la question. 

Pourtant, la majorité des animaux vendus en animalerie, à savoir les NAC, sont issus d’élevages concentrationnaires dont les images sont rares. Et pour cause. Véritables usines de production, ces élevages qui sont parfaitement légaux, exploitent en général des milliers d’animaux pour la reproduction. Entassés dans de minuscules cages d’acier au sol grillagé pour évacuer les excréments, les reproducteurs survivent comme ils le peuvent entre agression des congénères, cannibalismes, manque d’hygiène, maladie, absence de contact humains. Les petits rongeurs s’entassent eux dans des caisses plastiques d’environ 40cm sur 20cm. Les reproducteurs n’en sortiront qu’une fois mort. Ils pourront alors être conditionnés pour être revendus comme alimentation pour serpent. Il n’y a pas de petit profit dans ce business. Jusqu’à leur mort et à la chaine, ils feront portées sur portées prisonniers d’un système où le profit prime sur le bien-être. Ce sont ces bébés que vous retrouverez derrière la vitrine, mignon et frais, prêt à vous faire craquer. Leur regard et leur petit nez mouillé vous feront très vite perdre l’envie de vous questionner sur leurs origines. 

Acheter un animal dans certaines animaleries peut favoriser le trafic 

Les chiens et chats ne se sont pas en reste. Une partie sont issus de conditions d’élevage classique. C’est en général le cas pour certaines grandes enseignes et d’autres en plein essor. D’une part car elles ont compris l’intérêt à faire évoluer leurs pratiques et qu’elles savent que jouer la carte de bien-être animal est un atout vente, mais aussi parce que la vente de l’animal en lui-même n’est pas forcement rentable pour ces structures qui développent également la vente de produit, de petfood, de couchages. Ce qui l’est réellement, c’est l’achat des accessoires qui accompagnent l’animal et sur lesquels la marge est plus importante. L’animal n’y est finalement qu’un produit d’appel dont elles pourraient se passer, et dont probablement elle se passeront dans les années à venir si toutefois les clients continuent d’acheter leur matériel chez eux.

Mais malheureusement, nos recherches nous ont prouvé que dans certaines animaleries et plus particulièrement les animaleries « de quartier » dédiées exclusivement à la vente de chiens et de chats, des chiots et chatons proviennent en réalité des pays de l’Est et plus particulièrement de Hongrie et de Slovaquie, nouvel eldorado du commerce de chiens et chats. 

Achetés à des prix défiants toute concurrence, issus de ferme usines aux conditions de détention et d’hygiène inacceptables, ces chiots et chatons sont produits à la chaine par des reproducteurs exploités dans la misère et la souffrance. Ils sont ensuite importés soit directement par l’animalerie, soit par un grossiste intermédiaire, qui les revend après avoir pris sa commission. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, importer des chiots et des chatons des pays de l’Est est légal. Les transporter sur des centaines de kilomètres l’est aussi. Business is business, la marchandise doit être livrée. Malheureusement, les dérives sont dramatiques : Animaux sevrés trop tôt car « plus c’est petit plus ça se vend », transport dans des conditions sources de souffrance auxquels tous ne survivent pas, papiers falsifiés, défaut de vaccination antirabique faisant courir un risque sanitaire grave, animaux souffrant de pathologies, consanguinité… 

C’est l’offre qui fait la demande

Jeter la pierre aux animaleries est finalement assez facile mais dans le fond, à qui la faute si toutes ces dérives se multiplient ? Les français sont friands d’animaux de compagnie c’est un fait. Et pour nous procurer le dernier chien à la mode, ne sommes-nous finalement pas prêts à fermer les yeux sur la souffrance en nous réfugiant derrière notre mauvaise foi ? «  Je l’ai sauvé de sa vitrine », «  il me faisait mal au cœur » « J’ai bien vu qu’il avait des papiers hongrois mais je ne voulais pas le laisser là » …  L’équation est plutôt simple : il y’a de l’offre parce qu’il y’a de la demande. Les refuges et associations regorgent d’animaux qui ne demandent qu’à être aimés. Pourquoi entretenir la production alors même que des milliers d’animaux n’ont pas de familles ? Certains pays l’ont d’ors et déjà compris comme l’Angleterre ou encore la Californie qui ont cessé de vendre des animaux en boutique et y proposent désormais des animaux de refuges à adopter. En tout état de cause, il importe aujourd’hui de prendre conscience que nos choix ont des conséquences et de comprendre que « Je ne savais pas » ne peut pas être une excuse car désormais justement, on le sait. 

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