Ce sont des photos qui ne laissent aucune place au doute que le service enquête d’Action Protection Animale a récemment reçu.
L’urgence de la situation nous pousse le jour même à contacter la gendarmerie de Gaillon (27) qui nous indique dans un premier temps qu’ils ont déjà reçu des signalements sur ce chien depuis le début du mois.
Ils ont eu le mis en cause au téléphone qui a d’abord indiqué que son chien était âgé de 11 ans et qu’il ne savait pas pourquoi il était si maigre avant de reconnaître qu’il n’avait finalement pas les moyens de le nourrir. Son détenteur est pourtant salarié et dispose donc de revenus mensuels. Qui plus est, malgré son état, l’animal n’a pas vu de vétérinaire depuis des années.
À force d’insistance, nous parvenons à obtenir un rendez vous le jour même avec les gendarmes afin de se rendre sur les lieux, ces derniers n’ayant jusqu’alors jamais constaté l’état de maigreur du chien malgré les alertes.
Mais contre toute attente, à la demande du parquet d’Évreux, la gendarmerie annule le rendez-vous en vu de saisir ce chien et de lui apporter les soins nécessaires, au motif que l’homme s’est engagé à présenter son animal à un vétérinaire dans quelques jours et qu’une association locale viendra lui porter de quoi le nourrir…
Lié par cette décision, nous n’avons d’autre choix que d’attendre, en espérant que l’ animal survive jusque là.
Le jour convenu de la visite vétérinaire, notre équipe constate l’état lamentable du chien. Cachectique, le vétérinaire attestera d’ un score corporel de 2/9 correspondant à une maigreur extrême. La prise de sang sera normale, ce qui indique que l’animal n’est vraisemblablement pas malade mais que son état serait dû à de la malnutrition chronique.
Compte tenu de ces éléments, notre équipe se rend à la gendarmerie de Gaillon pour pouvoir, enfin, procéder à la saisie de cet animal. Une plainte a d’ailleurs déjà été déposée par une tierse association.
Mais c’est la douche froide.
Notre équipe restera plus de 3h sur place pour s’entendre dire que le procureur d’Évreux a décidé de classer l’affaire sans suite et de laisser le chien entre les mains de son détenteur malgré les faits accablants.
Le parquet justifie sa décision au motif qu’une association locale s’est engagée à nourrir le chien affamé, et qu’il ne faudrait pas « faire passer un animal avant cet homme » qui serait possiblement dépression.
Alors que l’homme n’a pas été convoqué par la gendarmerie pour s’expliquer sur les faits, que le chien n’a même jamais été vu par les gendarmes, le procureur prend fait et cause pour le détenteur malgré la peine passible de 2 ans de prison et de 30 000 encourue pour de tels faits.
Pire encore, notre association venu au secours de ce chien se retrouve presque sur le banc des accusés, le procureur en charge du dossier ayant fait savoir à la gendarmerie à notre attention que si « l’animal venait à disparaître, nous serions directement mis en cause « .
Si un procureur, qui représente pourtant l’Etat, refuse de saisir un animal mourrant de faim et de poursuivre l’auteur de ces faits, si une gendarmerie sensée veiller à l’application de la loi et faire cesser les infractions se montre si peu encline à le faire pour des délits de cet acabit, alors à quoi faut il s’attendre ?
Nous ne demandons pas aux autorités judiciaires d’aimer les animaux, ni de les faire passer avant le reste.
Nous leur demandons simplement de faire leur travail au même titre que nous faisons le nôtre.
Aujourd’hui, Action Protection Animale déplore que la survie d’un animal soit reléguée au second plan au motif de problèmes personnels d’un détenteur et ce même dans des cas gravissimes comme celui ci.
Nous déplorons une absence d’ application de la loi visant à protéger ce chien et une prise de position en faveur du mis en cause, sans enquête et malgré des faits délictuels avérés.
Nous faisons face à un constat inacceptable. A l’heure où le gouvernement vote des dispositions en faveur d’une meilleure protection juridique de l’animal, à l’heure où de nombreux parquets, commissariats et gendarmeries traitent ces affaires avec sérieux, l’impunité reste manifestement de mise dans certains secteurs.